Table des matières

Déployer la sobriété numérique : enjeux, leviers et bonnes pratiques pour les entreprises

Comprendre les bases : sobriété numérique et RSE, de quoi parle-t-on ?

Dans un contexte de transformation durable des entreprises, la sobriété numérique s’impose comme un levier clé au sein de la démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Encore méconnue ou mal comprise, elle mérite une vraie acculturation pour mobiliser efficacement les équipes et impulser une dynamique collective positive. Le sujet est également entouré de nombreuses idées reçues : non, il ne s’agit pas simplement d’éteindre son ordinateur ou d’éviter les mails avec des pièces jointes trop lourdes.

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Il s’agit d’intégrer une réflexion globale sur les usages du numérique, leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques, et leur optimisation au service d’une transition plus durable. Cela suppose de revoir les processus internes, de questionner les outils utilisés, et de s’inscrire dans une logique de progrès continu.

La norme ISO 26000 qui encadre la RSE, adresse 7 volets : 

1. Gouvernance de l’organisation : adopter une gestion éthique, transparente et responsable dans sa prise de décision.

2. Droits de l’homme : veiller au respect des droits fondamentaux de toutes les personnes impactées par ses activités

3. Relations et conditions de travail : garantir des conditions de travail justes, sûres et favorables au développement de ses collaborateurs.

4. Environnement : agir pour limiter son impact écologique et préserver les ressources naturelles.

5. Loyauté des pratiques : adopter un comportement honnête et équitable dans ses relations d’affaires.

6. L’intérêt des consommateurs : s’engager à offrir des produits et services sûrs, de qualité, et à informer les consommateurs de façon transparente.

7. Le développement local : contribuer au développement économique et social des territoires où elle est implantée.

Les 7 volets de la RSE

Parmi les volets de la RSE, la sobriété numérique vise à réduire l’empreinte écologique des technologies numériques. On oublie souvent que c’est la fabrication des terminaux (ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés…) qui représente la plus grande part de cette empreinte : extraction des métaux rares, consommation d’eau et d’énergie, pollution liée au transport,… Agir à ce niveau est donc fondamental pour tendre vers une organisation plus vertueuse.

Pourquoi déployer la sobriété numérique dans son entreprise ?

Une ère de surconsommation digitale

Depuis plusieurs décennies, le numérique a transformé nos modes de vie, nos façons de travailler, de consommer, de nous informer et de communiquer. Mais cette révolution numérique, souvent perçue comme immatérielle et « propre », cache une réalité bien plus complexe. Derrière chaque clic, chaque vidéo en streaming ou chaque email se cache une empreinte écologique bien réelle. C’est dans ce contexte que la sobriété numérique s’impose comme un impératif écologique, éthique et stratégique.

Un enjeu stratégique avant tout

Contrairement à une idée reçue, le numérique n’est pas sans conséquence sur la planète : En 2024, le numérique représente environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et cette part pourrait doubler d’ici 2030 si aucune action n’est entreprise.

Déployer la sobriété numérique, c’est avant tout répondre aux grands défis contemporains : lutte contre le réchauffement climatique, transition énergétique, attentes des consommateurs et exigences réglementaires. Loin d’être une contrainte, cette démarche offre à l’entreprise une formidable opportunité d’innover, de se différencier et de se projeter dans un avenir plus durable.

« Intégrer la sobriété numérique, c’est transformer une contrainte en levier de compétitivité responsable pour devenir une stratégie d’avenir. »

Hélène Brustel, experte en RSE

Mais pour que cette démarche soit efficace et durable, il faut d’abord identifier les enjeux spécifiques de l’entreprise. Qu’est-ce qui pousse à agir ? La pression réglementaire ? La volonté de renforcer son image employeur ? Des enjeux business ou financiers ? Ce diagnostic est une étape fondamentale, souvent négligée. Une entreprise engagée dans la sobriété numérique sans avoir clarifié ses leviers d’actions, ses intérêts et ses défis risque de voir son initiative s’essouffler rapidement. Elle risque aussi de déployer des actions déconnectées de ses priorités réelles.

Acculturer pour embarquer

L’un des freins majeurs à la mise en œuvre de pratiques de sobriété numérique est la méconnaissance du sujet. Ce terme, encore récent, peut sembler flou ou technique pour bon nombre de collaborateurs. Or, l’acculturation au numérique responsable en entreprise est un préalable indispensable. Il ne suffit pas d’imposer des règles : il faut comprendre les enjeux, partager un vocabulaire commun, éveiller les consciences, et faire émerger une volonté collective d’agir.

Cela passe par des formations, des campagnes de sensibilisation, des temps d’échange, mais aussi par l’exemplarité des dirigeants. L’implication des collaborateurs dépend directement de leur niveau de maturité et de leur compréhension des enjeux. Une équipe convaincue est une équipe mobilisée, et chaque maillon de la chaîne compte pour enclencher une vraie dynamique de transformation.

Parler le même langage pour réussir

Vous avez identifié vos enjeux prioritaires ? Parfait. La prochaine étape est de vous assurer que l’ensemble des parties prenantes RH, direction, DSI, managers, équipes opérationnelles  partagent une vision commune. Il s’agit ici d’instaurer une culture partagée du numérique responsable, pour permettre un passage à l’action cohérent, transversal, et pérenne. Une gouvernance claire et des ambassadeurs en interne peuvent jouer un rôle clé dans ce processus.

La cohérence du discours et la coordination des actions permettent d’éviter les silos et les initiatives isolées, souvent peu efficaces. En s’appuyant sur des relais internes, on facilite la diffusion des bonnes pratiques et l’appropriation des nouveaux comportements au quotidien.

Quels sont les enjeux de la sobriété numérique en entreprise ?

La réglementation : anticiper plutôt que subir

De plus en plus de textes encadrent les pratiques numériques. En France, la loi REEN (Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique) impose aux entreprises et aux grandes collectivités certaines obligations : l’éducation aux principes de la sobriété, l’éco-conception des services numériques pour limiter le renouvellement des appareils numérique et favoriser les usages vertueux, l’encouragement à des datacenters et réseaux moins énergivores et surtout, la promotion des stratégies numériques responsables dans les territoires. Anticiper ces évolutions permet d’éviter les sanctions, mais surtout de se positionner en acteur responsable, crédible et engagé.

Il est donc essentiel d’intégrer cet aspect réglementaire dans la phase de réflexion autour des enjeux, afin d’aligner ses pratiques avec les attentes du législateur, mais aussi avec celles des clients et partenaires qui, de plus en plus, exigent des preuves concrètes d’engagement environnemental.

Le business : allier innovation et responsabilité

La sobriété numérique n’est pas un frein à l’innovation. Au contraire, elle stimule la créativité et pousse à repenser les modèles établis. Moins de dépendance à des matériels coûteux, des outils mieux dimensionnés, des services éco-conçus, une rationalisation des flux de données : autant d’éléments qui créent de la valeur, tout en réduisant les coûts. Elle favorise également la transparence et la confiance vis-à-vis des clients et partenaires.

Les entreprises qui adoptent une approche proactive de la sobriété numérique peuvent ainsi se positionner comme référentes sur leur marché. Elles s’ouvrent également de nouvelles opportunités de croissance, en proposant des services innovants, responsables et différenciants.

Les ressources humaines : attirer et fidéliser

Les collaborateurs, en particulier les jeunes générations, sont en quête de sens et de cohérence. Montrer que l’entreprise agit concrètement pour limiter son impact numérique est un facteur d’attractivité et de rétention. Le numérique responsable devient un pilier de la marque employeur. Il peut aussi renforcer la fierté d’appartenance et favoriser l’engagement collectif autour d’un projet commun.

Les politiques de sobriété numérique peuvent ainsi s’inscrire dans des démarches RH plus globales : qualité de vie au travail, responsabilisation des salariés, télétravail raisonné, réduction de la charge mentale numérique, etc. Autant d’éléments qui améliorent la motivation et la fidélisation des équipes.

L’axe économique : des gains à tous les niveaux

Réduire l’empreinte numérique, c’est aussi optimiser l’utilisation des ressources (énergie, équipements, cloud…). Cela se traduit très concrètement par des réductions de coûts, une meilleure maîtrise du budget IT, un allongement de la durée de vie des équipements, optimiser les infrastructures informatiques,  et une diminution des besoins en maintenance de par la performance durable. À l’échelle de l’entreprise, les gains peuvent être significatifs, tant en termes d’économie que de performance globale.

De plus, une gestion plus sobre du numérique favorise la résilience de l’entreprise : moins de dépendance aux fournisseurs externes, plus de maîtrise sur ses infrastructures, meilleure anticipation des crises énergétiques ou logistiques.

L’axe de la performance durable : sobriété rime avec efficacité

Dans une démarche de sobriété numérique, il est essentiel d’intégrer ce que l’on peut appeler l’axe de la performance durable. Loin de se limiter à des actions de réduction ou de renoncement, cet axe met en lumière une réalité souvent sous-estimée : concevoir des services numériques plus légers, mieux pensés et plus efficaces profite à tous les niveaux. Côté environnement, cela signifie moins de ressources mobilisées (énergie, matériaux, bande passante), une réduction de l’empreinte carbone et une limitation de l’obsolescence matérielle. Côté utilisateur, cela se traduit par des services plus rapides, plus fluides, plus accessibles, favorisant une expérience améliorée et durable dans le temps. En alliant efficience technologique et sobriété, la performance durable devient un véritable levier de création de valeur pour l’entreprise.

Comment passer à l’action ? Les clés pour réussir son plan de sobriété numérique

Étape 1 : Diagnostiquer et prioriser

Avant de lancer un plan d’action, il est indispensable de réaliser un diagnostic. Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont les usages numériques existants ? Quels équipements sont utilisés, et avec quelle fréquence de renouvellement ? Quel est le niveau de sensibilisation des équipes ?

Ce diagnostic permet d’identifier les axes prioritaires : réduire l’obsolescence, optimiser les usages logiciels, sensibiliser les collaborateurs, repenser les achats IT, etc. Il constitue une base essentielle pour définir des objectifs réalistes et mesurables.

Étape 2 : Former et mobiliser les équipes

Une fois les priorités définies, la formation devient un levier indispensable. Une bonne formation au numérique responsable permet de comprendre les impacts, d’identifier les leviers d’action, et d’adopter les bons réflexes au quotidien. Elle permet également de créer un langage commun et de renforcer la cohérence des actions à l’échelle de l’organisation.

Découvrez notre formation au numérique responsable, spécialement conçue pour accompagner les entreprises dans cette transition. 

Étape 3 : Déployer les bonnes pratiques

Quelques exemples de bonnes pratiques à intégrer :

  • Allonger la durée de vie des équipements (réparation, reconditionné, mutualisation…) et mettre en place des politiques d’achats responsables
  • Éviter le stockage inutile des données, 
  • Privilégier les outils et services éco-conçus
  • Favoriser le partage de lien plutôt que l’envoi de fichier 
  • Réduire les déplacements et réunions inutiles grâce à des outils collaboratifs bien choisis

Étape 4 : Suivre, ajuster, valoriser

Le succès d’une démarche de sobriété numérique repose sur une amélioration continue. Mettre en place des indicateurs de suivi, collecter les retours d’expérience, valoriser les actions engagées, et ajuster les plans en fonction des résultats sont autant d’éléments qui garantissent une démarche vivante, engageante, et durable.

Déployer la sobriété numérique, c’est s’engager dans une démarche globale de transformation. Ce changement ne peut pas reposer uniquement sur la bonne volonté : il nécessite une méthode, des outils, une implication collective, et un accompagnement adapté à votre réalité.

C’est pourquoi nous vous proposons un accompagnement sur mesure pour comprendre les enjeux, mobiliser vos équipes, et mettre en place une stratégie numérique responsable alignée avec vos priorités. Consultez notre catalogue de formation et faites le choix d’une entreprise plus sobre, plus performante, et plus engagée.

Parlons
de vos projets

Dans la même catégorie

La conduite du changement est essentielle dans un projet de transition vers de nouvelles pratiques....
La gouvernance SI aligne l'infrastructure informatique avec les objectifs stratégiques de l'entreprise....
Un CCTP mal rédigé peut entraîner des conséquences coûteuses....